La cicatrisation est un processus naturel mais complexe, et le résultat final (forme, épaisseur, couleur de la cicatrice) dépend de nombreux facteurs : le type de peau, la localisation de la plaie, la tension cutanée, les soins postopératoires, etc. Même lorsqu’une intervention chirurgicale est bien faite, une cicatrice visible peut rester, ce qui peut être source de gêne.
UrgoTouch® est une technologie laser développée par le groupe Urgo (Urgo Medical) qui vise à optimiser la cicatrisation dès l’opération, en réduisant l’aspect visible des cicatrices. Son approche est préventive : il est appliqué au bloc opératoire, juste après la suture, pour agir sur les mécanismes cellulaires de la cicatrisation, limiter l’inflammation excessive, et améliorer le remodelage tissulaire.
Ci-dessous, je décris ses avantages, son mécanisme, le déroulement, les résultats attendus, les limites et les précautions.
Qu’est-ce que UrgoTouch ?
- UrgoTouch® est un dispositif laser portatif conçu pour être utilisé dans le cadre d’une intervention chirurgicale, immédiatement après la fermeture de la plaie.
- L’idée est de “moduler” le processus inflammatoire et la réponse cellulaire en phase précoce, afin que la cicatrice finale soit plus fine, plus souple, moins visible.
- Le laser utilisé est à longueur d’onde spécifique, avec un contrôle intelligent de l’énergie délivrée, afin d’éviter les surchauffes ou des effets secondaires. Le système intègre ce qu’on appelle un Scar Control System (système de régulation thermique) pour moduler l’énergie selon les besoins.
- Des études cliniques montrent des résultats prometteurs : réduction du volume de cicatrice, amélioration de la texture, de la vascularisation, de l’épaisseur, etc. UrgoTouch revendique jusqu’à – 53 % de volume cicatriciel dans certaines études.
- Le traitement est conçu pour être indolore, du fait qu’il est réalisé sous anesthésie opératoire, et pour ne pas ajouter de traumatisme à la zone.
- Il est applicable sur toutes sortes de cicatrices chirurgicales, sur différentes zones du corps, et quel que soit le phototype de peau.
Avantages d’UrgoTouch
Voici les principaux avantages attribués à UrgoTouch, d’après la littérature, les sites spécialisés et les retours de praticiens :
- Réduction du volume et de l’épaisseur de la cicatrice
On observe souvent une diminution significative du volume cicatriciel, parfois de l’ordre de 30 à 50 % selon les études. - Amélioration de la qualité de la cicatrice
La texture, la souplesse, la pigmentation, la vascularisation et le relief peuvent être améliorés. La cicatrice devient plus fine, moins rouge, moins rigide. - Très rapide / en une seule séance
Le traitement laser ne nécessite pas de multiples séances étalées dans le temps. Il est appliqué en une seule fois, lors de l’intervention, en fin de chirurgie. - Sécurité / contrôle de l’énergie
Grâce au Scar Control System, l’énergie est dosée précisément, évitant les surchauffes et les effets de brûlure. Le geste est automatisé pour garantir la reproductibilité du traitement. - Indolore pour le patient
Comme le traitement se fait sous anesthésie, le patient ne ressent pas de douleur supplémentaire. Le laser lui-même est conçu pour ne pas générer de douleur. - Préventif (agit tôt dans le processus de cicatrisation)
En intervenant immédiatement au moment de la suture, UrgoTouch agit avant que l’inflammation excessive ne s’installe ou ne dégrade la qualité de la cicatrice. Cela donne une meilleure chance d’un bon remodelage tissulaire. - Applicabilité large
Le laser peut être utilisé sur de nombreuses zones chirurgicales (ex. chirurgie mammaire, abdomen, liftings, plastie, etc.). - Réduction du risque de cicatrices hypertrophiques / chéloïdes
En limitant l’inflammation excessive et en stimulant la régulation tissulaire, UrgoTouch pourrait réduire le risque de cicatrices hypertrophiques ou chéloïdes, particulièrement chez les sujets à tendance cicatricielle. - Gain esthétique pour le patient
Le principal bénéfice pour le patient est une cicatrice plus discrète, moins visible, ce qui améliore le résultat esthétique global et réduit souvent l’impact psychologique lié à la cicatrice. - Facilite les soins postopératoires
Une cicatrice mieux “préparée” par le laser peut être plus facile à entretenir, à masser, à protéger, et donne de meilleures bases pour les soins complémentaires (crèmes cicatrisantes, photoprotection…).
Indications et contre-indications
Indications
Les indications d’UrgoTouch sont les actes chirurgicaux où une incision cutanée est faite et où l’on souhaite optimiser l’aspect cicatriciel :
- Chirurgie esthétique (plasties, liftings, abdominoplasties, liposuccion, réduction mammaire…)
- Chirurgie réparatrice (ex. cicatrices après chirurgie oncologique, chirurgie reconstructrice)
- Cicatrices attendues sur des zones visibles ou à tension cutanée
- Patients à risque de mauvaise cicatrisation (ex. antécédents de cicatrices hypertrophiques, peau mate, tendance cicatricielle)
- Chirurgies où l’on veut éviter de devoir intervenir plus tard pour retouche cicatricielle
Contre-indications & précautions
Bien que le traitement UrgoTouch soit considéré comme sûr, certaines situations méritent prudence :
- Antécédents de pathologies cutanées (dermatoses, maladies auto-immunes, troubles de cicatrisation)
- Peaux particulièrement sensibles ou réactions cutanées inhabituelles (brûlures, pigmentations)
- Traitements ou médicaments pouvant interférer avec la cicatrisation (corticothérapie, radiothérapie, certains immunosuppresseurs)
- Présence d’implants ou matériaux sensibles à la chaleur ou au laser dans la zone (risque d’échauffement)
- Zones très fines ou délicates, où la gestion thermique est critique
- Précaution pour les patients de phototype foncé : risque de pigmentation post-inflammatoire
- Chez les patients avec des troubles de coagulation ou saignement excessif
- En cas d’infection locale active, on doit traiter l’infection avant tout
- Après l’intervention, il faut suivre les recommandations : éviter l’exposition solaire, protéger la cicatrice, bien hydrater, masser, etc.
Déroulement de la séance / protocole
Voici comment se passe généralement le traitement UrgoTouch, de la planification au suivi postopératoire :
1. Avant l’intervention – consultation / planification
- Le chirurgien informe le patient de l’option UrgoTouch, de ses bénéfices, risques, alternatives, et obtient le consentement.
- Le chirurgien vérifie que le patient est un bon candidat (antécédents, état cutané, traitements en cours).
- Le cas échéant, le schéma chirurgical est adapté pour maximiser les conditions de cicatrisation.
2. En cours d’intervention – moment du laser
- Après avoir réalisé l’incision et avant la suture finale, ou juste après la suture (mais avant le processus inflammatoire dominant), le chirurgien installe le dispositif UrgoTouch sur la plaie.
- Le laser est appliqué le long de la ligne de suture ou sur toute la zone de la plaie. Le dispositif utilise une bandelette contenant des “cartes à puce” ou un système de balayage automatique pour uniformiser le passage du laser.
- Le traitement dure typiquement quelques secondes (environ 10–12 secondes) selon la longueur de la cicatrice à traiter.
- L’énergie est délivrée de façon contrôlée, et le Scar Control System ajuste selon les besoins pour éviter de surchauffer les tissus.
- Le geste est conçu pour être intégré dans la routine chirurgicale, sans allonger de façon significative la durée de l’intervention.
- Le chirurgien vérifie visuellement la zone traitée, ferme définitivement la plaie (si ce n’était pas déjà fait) et termine l’intervention.
3. Soins postopératoires immédiats
- La zone cicatricielle est prise en charge comme toute plaie opératoire (pansements, surveillance, mésures antiseptiques classiques, etc.).
- Le patient ne ressent pas de douleur due au laser, car le tout se fait sous anesthésie.
- Il peut y avoir un léger œdème ou un érythème local (rougeur) dans les jours qui suivent. Ces effets sont transitoires.
- Le patient doit éviter l’exposition solaire directe sur la cicatrice, et appliquer une protection solaire élevée (indice 50+) pendant plusieurs mois, pour prévenir l’hyperpigmentation.
- Il est recommandé d’hydrater la zone, masser la cicatrice doucement (selon les recommandations du chirurgien), et éviter les traumatismes mécaniques pendant la phase de cicatrisation.
- Le patient doit suivre les consignes postopératoires classiques (repos, hygiène, limitation des mouvements, alimentation, etc.).
4. Suivi à moyen et long terme
- Le chirurgien ou le praticien surveille l’évolution de la cicatrice (couleur, épaisseur, texture, adhérences) à intervalles réguliers (ex. 1 mois, 3 mois, 6 mois).
- Selon l’évolution, des soins complémentaires peuvent être appliqués (crèmes cicatrisantes, massages, micro-injections, pansements silicone, etc.).
- La maturation de la cicatrice peut durer jusqu’à 12 à 24 mois. Même si les effets du laser ont été instantanément appliqués, les bénéfices maximaux se verront sur le long terme.
- Si une cicatrice reste visible malgré tout, des retouches peuvent être envisagées (laser secondaire, chirurgie de retouche, traitement adjuvant).
Mécanisme d’action / bases biologiques
Pour bien comprendre pourquoi UrgoTouch peut aider à améliorer la cicatrisation, voici les principes biologiques sur lesquels il opère :
- Modulation de l’inflammation
Après une incision, le corps lance une réponse inflammatoire contrôlée. Mais parfois, l’inflammation est excessive ou prolongée, ce qui altère les fibroblastes, le dépôt de collagène et le remodelage. Le laser UrgoTouch stimule les protéines de choc thermique (HSP, heat shock proteins) qui aident à contrôler cette inflammation, réduire le stress cellulaire, et orienter une cicatrisation plus “ordonnée”. - Stimulation de la production de collagène et de la matrice extracellulaire
Le laser induit une légère stimulation thermique contrôlée qui incite les fibroblastes à produire du collagène et d’autres composants de la matrice tissulaire, mais de façon plus “bien rangée” et moins anarchique, ce qui donne une meilleure architecture tissulaire. - Remodelage tissulaire
En intervenant tôt, UrgoTouch favorise une meilleure organisation des fibres collagènes, moins de contraction excessive, moins de fibrose indésirable. Cela permet une cicatrice plus souple, moins dense. - Effet thermique contrôlé / régulation de l’énergie
Le Scar Control System assure que l’énergie délivrée reste dans une “zone sûre”, chauffant juste ce qu’il faut pour activer les processus biologiques sans abîmer les tissus. Cela limite les risques d’effets indésirables (brûlures, nécrose). - Prévention de la dérive inflammatoire ou hyperplasticité
En modulant tôt la réponse biologique, le laser vise à prévenir une réaction de cicatrisation excessive (augmentation cellulaire, hypervascularisation, excès de tissu), qui aboutirait à une cicatrice épaisse, rouge ou hypertrophique.
Résultats attendus et preuves
- Dans la littérature, on rapporte une réduction moyenne du volume cicatriciel de 30 à 50 % chez certains patients traités avec UrgoTouch.
- L’étude randomisée SLASH (Surgeon-Laser Assisted Skin Healing) a montré qu’après 1 an, la cicatrice était en moyenne 53 % moindre en volume dans le groupe UrgoTouch comparé au groupe contrôle.
- Certains centres rapportent qu’UrgoTouch peut améliorer la cicatrisation de +40 % par rapport à une cicatrisation standard.
- Les résultats se manifestent progressivement : l’effet n’est pas instantané, mais la différence devient visible au cours des mois suivants l’intervention.
- Le bénéfice maximal est souvent visible à 6 à 12 mois, voire plus, lorsque la cicatrice est mature.
- Il faut noter que les résultats varient selon le type de peau, la zone traitée, la tension cutanée, les soins postopératoires, etc.
Comparaison avec d’autres approches de cicatrisation
Pour mieux saisir la valeur d’UrgoTouch, il est utile de le mettre en perspective avec les autres méthodes utilisées pour optimiser les cicatrices :
- Crèmes cicatrisantes (silicone, gels, pansements) : elles agissent sur la phase tardive de cicatrisation, mais n’influencent pas tôt les processus cellulaires.
- Laser de retouche après maturation : classique pour corriger une cicatrice déjà formée, mais l’efficacité est moindre que si l’on intervient dès le début.
- Injections (corticoïdes, 5-FU, etc) : intervenant sur certaines cicatrices hyperplastiques, mais avec risques secondaires.
- Pansements silicone ou compressifs : utiles pour stabiliser la cicatrisation, mais sans l’effet “stimulant” du laser.
- Excision / retouche chirurgicale : solution ultime pour une cicatrice très marquée, mais avec nouvelle incision.
UrgoTouch se positionne comme un complément préventif très en amont, pour limiter les effets négatifs dès le départ.
Conseils postopératoires pour maximiser les bénéfices
Pour tirer le maximum d’UrgoTouch, voici quelques recommandations importantes après l’intervention :
- Protéger la cicatrice du soleil (indice 50+, vêtements couvrants) pendant au moins 6 à 12 mois.
- Garder la zone bien hydratée avec des émollients appropriés.
- Masser doucement la cicatrice (quand autorisé par le chirurgien) pour favoriser la souplesse.
- Respecter les consignes d’activité (éviter traction, mouvements excessifs) dans la zone opérée.
- Surveiller les signes anormaux (rougeur excessive, douleur, saignement, hypertrophie) et consulter si besoin.
- Suivre les rendez-vous postopératoires pour ajuster les soins si nécessaire.
- Éviter de fumer ou d’avoir des conditions qui altèrent la vascularisation (mauvaise nutrition, diabète non contrôlé, etc).